J’ai décidé de vous partager plus en détail mon aventure du Bromont Ultra 2022. Je crois que c’est une belle leçon d’humilité mais surtout de persévérance.
Donc jour J, 8 octobre 2022 8h00, c’est le départ de mon Ultra 120km(3 boucles de 40km), 4500 m de dénivelé positif au menu. Selon mon temps au 80km l’an dernier et mes temps en entrainement, je pense pouvoir terminer avant 22h00 (donc 14h de pédalage). J’ai estimé une moyenne de 9-10km/h plus le temps passé aux ravitos.
J’étais vraiment indécise quelques minutes avant le départ, manteau ou pas de manteau? J’opte pour le sans manteau quand je constate que la plupart des gens portent seulement un chandail à manche longue. Ce sera une grande erreur. Jessee, qui partira pour son BU55 un peu plus tard, m’encourage au départ, je suis bien contente de la voir. Le départ est lent et c’est normal . Il fait froid... il neige!
Au 20e km, les vitesses de mon vélo vont vraiment mal. J’appelle Patrice en panique, il viendra me rejoindre au ravito du 30e km. Je comprends un peu plus tard que mon dérailleur était complètement dévissé pour une raison obscure, les vitesses vont vraiment mieux tout à coup. Un point mécano pour moi!
J’ai pleins d’amis au ravito du 30e, Patrice est là, prêt à réparer mon vélo. J’ai un peu froid et constate que le froid me gruge énormément d’énergie. En plus, j’ai mal à la gorge, Emile Chevreuil me prête son Buff. Regnaleb Cire me donne des Reeses et Joel part avec moi en vélo. J’ai un accompagnateur pour les prochains Km!!
Je termine donc ma première boucle avec Joel. Nous nous séparons puisque la salle avec mon drop bag est réservée aux coureurs. J’en profite pour mettre mon manteau. Je sors, je ne trouve plus Joel. Il me cherche aussi mais ne me voit pas. Je repars assez bredouille d’avoir perdu mon ami!
Très rapidement, la fatigue s’installe. C’est brutal! Je me rends tant bien que mal au ravito du 18e km, mes parents Suzanne Yves et Pierre sont là, je suis vraiment contente. Je dis à tout le monde que je suis déjà anormalement fatiguée mais que je devrais pouvoir compléter le tout. Dans mes pensées, je doute beaucoup, j’ai vraiment envie d’abandonner déjà. Je n’ai jamais abandonné une course, ce n’était même pas un enjeu pour celle-ci, mais pourtant, j’ai à peine la moitié du parcours de complétée et je ne pense qu’à ça!
Je parcours difficilement la 2e moitié de cette boucle en pensant à Patrice qui m’attend pour compléter la 3e boucle avec moi. Mention spéciale à mes nouveaux amis de parcours Kim et Éric qui m’ont aidé à garder un minimum de motivation (lire ne pas pleurer en boule).
J’arrive sur le terrain du centre équestre (point central de l'événement ) presque toutes les personnes autour de moi terminent leurs épreuves respectives et se dirigent vers la ligne d’arrivée. Moi, je pleure à chaude larme. Je croise le regard de certains spectateurs qui semblent comprendre ce qui se passe. Je regarde les gens passer sous l’arche d’arrivée et moi, je prends la sortie du ravito pour mon 3e tour la tête baissée.
Patrice est là, je pleure dans ses bras et lui demande s’il serait déçu si j’abandonnais. Il me répond que je peux abandonner si je veux mais qu’il est convaincu que je peux le faire. Je prends donc beaucoup de temps au ravito pour me changer et manger. J’ai compris il y a plusieurs heures que mon chrono final serait assez long. Mon but est de terminer, les minutes ne comptent plus.
Nous partons donc pour mon ultime boucle. Je me fixe comme objectif de me rendre au 1er ravito qui est au 18e km environ. Je vais mieux, beaucoup mieux! Nous allumons nos lampes presque en début de parcours. Moi qui croyais pédaler environ 3h dans la pénombre, ce sera plutôt 5h...
Nous arrivons au 1er ravito, nous sommes accueillis comme des vedettes et on se gâte dans la nourriture offerte! À ma grande surprise, j’ai maintenant l’impression que je serai capable de compléter mon aventure. Je me fixe le 2e ravito comme objectif.
Je croise sur mon chemin des coureurs (course à pied) du 160km, nous discutons un peu. Je les trouve très inspirant. Le 2e ravito arrive et on en profite encore une fois. C’est officiel, je vais pouvoir terminer le Bromont Ultra! Il reste une seule grosse montée que j’appréhende beaucoup, la montée Rouche. J’ai vraiment de la difficulté avec mon équilibre en raison de la fatigue, je fais donc plusieurs sections à pied pour « ne pas tomber dans le ditch » comme on dit! Je fais aussi la descente très lentement pour les mêmes raisons. Il reste maintenant environ 6-7km de pistes larges avec quelques montées. Chaque kilomètre me semble interminable, j’ai vraiment hâte de terminer.
Ça y’est, je suis sur les derniers mètres avant le fil d’arrivé, là où je pleurais à chaudes larmes 5 heures auparavant. Je pleure encore mais de joie cette fois-ci. Je pleure parce que je suis vraiment fière de moi, de ma persévérance.
Je savais que ça allait être très difficile mais je n’avais pas imaginé le combat avec la douleur et la fatigue que j’ai surmonté.
Merci à toutes les personnes qui m'ont encouragé en personne ou en virtuel. Je ne pouvais pas tous vous nommer dans mon long récit mais je pense à chacun d'entre vous!
Je vais prendre une pause de vélo pour plusieurs jours, si vous avez une marchette ou une chaise roulante je suis preneuse!